Lost in this Liar, lost in this Truth... [End]

Sad song, sad liar...
When the Truth is a liar...

Aujourd'hui, elle se promenait dans un jardin. Il y avait tant de couleurs, tant de fleurs, mais toujours la même odeur de rose, de ces fleurs éphémères. Pourtant, tout cela aurait émerveillé un enfant, ou un adulte. Tout était silencieux, seul le vent se faisait entendre ainsi que des bruits de pas pourtant bien léger. Même si ces bruits étaient silencieux, ils paraissaient assourdissant en ce milieu si doux et tranquille. Beauté et nature étaient réunis en ce lieu, pour pouvoir donner ce magnifique jardin. Pourtant, loin de l'émerveiller, ces roses lui rappelait ce qu'elle devrait faire à cause de sa semblable.

Habillé dans une robe noire, quelques dentelles blanches pour la décorer, la petite marchait tranquillement, ses longs cheveux d'argents volants au gré du vent. Le teint pâle comme de la porcelaine -peut-être un peu plus-, elle avait une apparence d'ange, mais aussi de poupée. Peut-être en était-elle une? Oui, c'était bel et bien le cas. Cette apparence calme et mélancolique lui donnait des airs étranges, un peu trop angélique. Elle avait de beaux yeux qui trahissait cette apparence: des yeux bicolores: l'un rouge, l'autre bleu.

La petite fille se promenait en chantant joliment, perdue dans ses pensées, regardant vaguement ce qui se présentait devant elle. Un long chemin menant à un jardin uniquement entouré de roses. Bien qu'elles soient différentes, ces roses paraissaient semblables pour la petite. Elles avaient la même odeur... Elles étaient comme les poupées: différentes et pourtant semblables, ces poupées toutes créée pour quelqu'un ou quelque chose, en l'honneur de la beauté...

Finalement, elle arriva au milieu du jardin, puis s'arrêta devant la vue qui s'offrait à elle: une mer de roses. Elle continuait de chanter mélancoliquement, bien que la chanson ai l'air plutôt joyeuse. Que sa voix était belle. Mais elle était tellement triste, cette chanson qui avait au départ un air joyeux devint mélancolique, exprimant quelque chose de perdu d'avance...

Nan no tsumi mo nai hazu na no ni
Nanraka no batsu wo uketeru
Jibun de maita tane de mo nai no ni
Sakimidareta hana tsumasareru

Shiranai koto to mo ienai ga
Katabou katsuida oboe wa nai
Jiyuu wo takaku kawasareta ki mo suru ga
Kokoro made yasuku utta oboe wa nai

Kutabatte osaraba suru made
Dare no te ni mo kakaranai
Tooi yoru wo urotsuite iru
Shiranai darou eien no narazu mono-tachi wo

Yurusenai shiuchi de mo nai ga
Iyaseru kizu de mo aru mai
Nakesou na yoru ni wa onna daite
Kono chinke na shaba kara taka tobi sa

Kutabatte osaraba suru made
Dare no te ni mo kakaranai
Tooi yoru wo urotsuite iru
Shiranai darou eien no narazu mono-tachi wo

Nan no tsumi mo nai hazu na no ni
Nanraka no batsu wo uketeru
Jiyuu wo takaku kawasareta ki mo suru ga
Kokoro made yasuku uritobasu hara wa nai

Soudain, une ombre, un bruit de pas... La petite s'arrêta de chanter. Il y avait quelqu'un en ces lieux, elle ne l'avait pourtant pas sentit comme à son habitude. Apparemment, elle n'avait pas à craindre d'un combat car il s'agissait d'un humain mais il y avait quelque chose qui l'intriguait: cet humain était différent des autres. Pourquoi? Elle ne le savait, mais peut-être que cette petite fille de presque quatre ans, à l'apparence si étrange, trouverait réponse à ce mystère...

Jun ouvrit lentement les yeux, légèrement ébloui par la lumière du soleil éclairant son visage. Il lui fallut un petit moment pour émerger complètement, un moment durant lequel le rêve qu'il venait de faire trottait encore dans son esprit. C'était un rêve étrange. De quoi s'agissait-il exactement? Jun n'eut pas le temps de le découvrir, car il était maintenant bien réveillé et le rêve fut oublié.

Jun regarda autour de lui, essayant de se rappeler où il était. Tout semblait un peu flou. Pas étonnant, il n'avait pas ses lunettes sur le nez. Il les trouva sur ses cuisses. A coté, un livre ouvert qu'il tenait dans la main. Jun remit ses lunettes et y vit tout de suite beaucoup plus clairement. Il se regarda: il était vêtu de son uniforme de lycéen: une simple chemise blanche à manches courtes, un pantalon noir et une paire de baskets aux pieds. Il examina le livre qu'il tenait entre les mains. Il s'agissait du livre Les Misérables écrit par Victor Hugo, en version originale. Apparemment, Jun s'était endormi en le lisant. Il marqua la page où il s'était arrêté et referma le livre avant d'observer de nouveaux les environs. Il se trouvait dans cette Roseraie qui avait été récemment plantée à proximité du parc. Jun rentrait des cours lorsqu'il était passé devant cette Roseraie et avait décidé de la visiter. Puis il avait trouvé cet arbre sous lequel il s'était installé pour faire un peu de lecture. Ayant vaincu son agoraphobie et son étât de Hikikomori, il passait maintenant plus de temps dehors pour profiter du beau temps et de l'air frais.

Jun regarda sa montre. Il était temps de rentrer. Il se leva, essuya un peu ses vêtements et récupéra son sac. Il alla ensuite pour rentrer chez lui, mais quelque chose capta son attention. Une voix. Une voix féminine, douce et cristalline, qui semblait produire un chant. Jun laissa ses pas le guider vers cette voix, sa curiosité ayant pris le dessus. A mesure qu'il avançait, le chant se fit entendre plus distinctement. Il sentit dans cette voix une touche de tristesse qui semblait prendre le dessus sur cet air à l'aspect pourtant joyeux.

C'est alors qu'il la vit, là, au milieu de ce champ de roses. Une enfant à la chevelure argentée, vêtue d'une robe noire ornée de blanches dentelles. Une enfant? C'est ce que l'on pourrait croire à première vue. Mais la présence permanente des Rozen Maidens dans sa maison avait fait que Jun savait maintenant reconnaître une poupée lorsqu'il en voyait une, aussi réaliste et proche des humains en apparence soit-elle. L'espace d'un instant, Jun vit une ressemblance avec Suigintou mais remarqua très vite les différences. Ses cheveux étaient ondulés et non lisses. Leurs robes, similaires en couleurs, étaient bien différentes en style. Et surtout, il manquait une paire d'ailles noires dans le dos. Mais l'important était qu'il y avait là une poupée bien vivante.

Tandis que Jun approchait, la poupée cessa de chanter. Jun s'arrêta à son tour et se contenta de regarder cette poupée, attendant de voir ce qui allait se passer...

C'était un simple humain, un jeune homme plutôt petit en taille. Ce dernier était dans une tenue que la jeune fille avait souvent vue lorsque des enfants passaient. Ce dernier portait des lunettes et avait l'air d'attendre quelque chose. Une réaction? La petite poupée n'y pensait pas. A quoi bon réagir face à un humain. Cet humain ne réagissait pas non plus, il se contentait de regarder la petite fille arrêtant de s'approcher. Que faire...? La petite ne le savait. Elle se contenta de se retourner vers un passé qu'elle avait imaginé...

Dans ce passé, elle n'avait jamais connue son créateur car abandonnée. Dans ce passé, elle était beaucoup plus heureuse qu'à présent. Dans ce passé, elle ne jouait pas à un jeu où des vies étaient menacées de disparaître. Oui, voilà ce qu'elle aurait voulut. La fin était composée, comme dans ce conte nommé "Alice au Pays des Merveilles", d'un charmant "Happy End" ou plutôt d'une fin heureuse. Dommage, dans cette vraie vie il n'en était rien. En effet, elle disait avoir oublié pourtant... Tout est resté: Mai, Aurore, Rubis et Ai... Toutes étaient là, réveillées, prêtes à s'entretuer...

Finalement, la petite tout en regardant le garçon de ses yeux vides dans ce présent s'avança. Peu à peu, elle se rapprochait de ce garçon qui avait troublé sa chanson. Encore dans ses pensées à essayer de comprendre pourquoi cette Mai, qui était censée être sa sœur, voulait absolument faire disparaître les "Ningyou no Uta" ou les "Poupées du Son"... Ses sœurs si l'on put dire... Lorsqu'elle arrêta d'y penser, elle était face à ce garçon. Qui était-il? Dans le fond, la poupée ne voulait pas le savoir...

Puis léger vent souffla, emportant encore une fois les cheveux de la poupée. Ces cheveux couleur de Lune, un peu ondulés, paraissaient bien étrange en vue de leur couleur. Enfin, la poupée n'y avait jamais fait attention. Pour elle, entre elle et ce garçon, il était le plus étrange. Pourquoi? Tout simplement parce qu'il n'était pas comme tout les autres humains, à se demander pourquoi elle avait cette apparence. Oui, les autres humains...

L'humain en lui même, pour cette poupée, était égoïste, ne pensait qu'à lui. Dans ce monde, la gentillesse n'existait pas, c'était une forme d'égoïste tout comme la vérité en elle-même. L'amour? Il s'agit du sentiment le plus égoïste qu'il soit. En effet, tout garder pour nous, vouloir posséder ce que l'on veut. "Je veux et j'exige", voilà la phrase que l'humain pourrait dire en premier, en se levant. Lorsqu'il veut le soleil pour le beau temps, la pluie pour ne pas partir. Oui, tout cela est de l'égoïsme et sera toujours considéré comme tel pour la jeune fille. La première personne, le premier humain pour elle, était son créateur. Il était de loin le plus égoïste qu'elle n'ai jamais connu. Il voulait la garder, elle s'en est séparé sans jamais le regretter. L'humain pour elle était le plus égoïste, pourtant ce garçon n'en avait pas autant l'air. Pourquoi? Elle sentait quelque chose en lui, de différent. Ou peut-être était-ce illusion. En tout cas, le fait qu'il ne lui ai pas parlé la laissait dans un certain doute qui ne se voyait pas sur son visage. Elle se contentait donc de le regarder...

Puis elle se décida à parler. Elle ne le voulait pas vraiment, mais c'était une phase obligatoire pour savoir qui il était et pourquoi elle avait cette sensation qu'il était différent. Oui, c'était la première chose à faire bien qu'elle aurait préféré ne rien dire. Elle inspira légèrement un peu d'air, pour pouvoir prononcer une phrase. Elle qui n'avait pas l'habitude de parler à un humain, elle qui ne leur avait plus jamais parler depuis de longues années, allait enfin parler à l'un d'entre eux juste pour quelque chose qu'elle voulait savoir...

-Qui êtes-vous? dit-elle en penchant sa tête un peu sur le côté, Que faîtes-vous là?

De simples questions. Son air un peu interrogatif l'aurait presque rendu "mignonne", si son œil rouge de sang aurait été moins étrange. En effet, cet œil d'une couleur bien étrange rendait la petite fille plus froide qu'elle ne l'était. Quant à sa voix, d'un ton tout aussi interrogatif, elle était petite et douce, calme mais surtout mélancolique...

Il se passa un moment, un long moment pendant lequel l'humain et la poupée s'observaient les yeux dans les yeux, sans dire un seul mot. D'ailleurs, Jun remarqua la particularité des yeux de cette poupée: son oeil gauche était rouge, un rouge qui pourrait mettre certaines personnes mal à l'aise; son oeil droit était d'un bleu semblable à celui d'un océan que l'homme n'aurait pas encore pollué. Cette différence de couleur entre les deux yeux n'était pas sans rappeler Suisei Seki et Sousei Seki.

Une légère brise se leva sur la Roseraie. L'herbe verdoyante et le feuillage des arbres fremissaient sur son passage. Les roses oscillaient doucement. La chevelure argentée de la poupée dansait allègrement sur ce souffle et ne semblaient pas vraiment s'emmêler. Des fils de soie, voilà ce qu'évoquaient ces cheveux. Des fils de soie argentée.

Cela faisait maintenant quelques minutes que Jun et la poupée se regardaient sans rien dire, sans esquisser le moindre geste. Dans sa tête, en plus d'apprécier l'évidente beauté artistique de cette poupée, Jun évaluait la situation. Premièrement, il n'était pas encore mort et la poupée ne semblait pas hostile, ce qui était déjà une bonne chose. Deuxièmement, il était totalement improbable qu'il s'agisse là d'une Rozen Maiden. D'après ce que Shinku et les autres lui avaient expliqué, il existait exactement sept Rozen Maidens et la dernière avait été identifiée comme étant Kira Kishou. Etait-ce une des Enju Dolls? Mais dans ce cas, elle aurait su qui il était par le biais de Barasuishou ou Enju, et l'aurait donc reconnu. A moins qu'aucun des deux n'ait jugé la peine de parler de lui. Après tout, c'est après les Maidens qu'ils en avaient.

Etait-elle donc une de ces poupées d'un créateur inconnu dont Shinku et les autres auraient découvert l'existence? Possible. Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir: demander à cette poupée. Mais c'est finalement elle qui brisa le silence pour prendre la parole, lui demandant qui il était et ce qu'il faisait là. Des questions très simples.

- Euh... Jun. Sakurada Jun, répondit-il sans vraiment réfléchir.

Ayant été coupé dans son élan, Jun oublia un peu ce qu'il allait demander. Il décida de se lancer dans une simple conversation avec elle.

- Je t'ai entendu chanter et... euh... Tu as une jolie voix...

Cela couperait court à toute conversation éventuelle. La poupée dirait "merci" au mieux et puis ça s'arrêterait là. Jun passa à un autre sujet.

- Comment tu t'appelles? demanda-t-il.

C'était déjà un début un peu meilleur.

Il aurait parut pensif pendant ce moment. Ce garçon, pourquoi avait-il cette étrange aura? Il lui rappelait quelqu'un, mais qui? Pourquoi. Ce garçon était bien étrange pour la petite fille. Mais à quoi bon se poser ces questions inutiles, alors que le vent invite les réponses à s'installer et couper court aux questions? Oui, des réponses, ce fut ce que donna le jeune homme à cette poupée aux longs cheveux d'argents, volant légèrement au gré de ce doux vent...

- Euh... Jun. Sakurada Jun.

Cela se terminerait-il donc sur une de ces habituelles conversations? Enfin, ce n'était pas plus mal pour la petite fille qui n'aurait presque pas demandé de réponse à ce genre de question, du moins pas une réponse si immédiate. Il continua à parler...

- Je t'ai entendu chanter et... euh... Tu as une jolie voix...

Pendant un moment, elle aurait été tentée de dire un simple "merci", mais de poser cette question par la suite: "As-tu un rapport avec le Alice Game?" mais si directement, si il était un humain normal, elle aurait dût lui expliquer les éventuelles règles ou bien partir avec un simple "au revoir" qui risquerait de devenir un "adieu". Mais ce garçon posa une question juste après, peut-être pensait-il que la discussion allait s'arrêter sur un "merci" suivit d'un faux "au revoir"...

- Comment tu t'appelles?

Silence. Alors peut-être était-il au courant? Ou peut-être était-il simplement curieux. Le Alice Game, voilà ce qui préoccupait la petite poupée. Mais elle devrait lui répondre puisqu'il lui avait donner son nom. Il se nommait donc Jun Sakurada... En décomposant, on pourrait obtenir le mot "Sakura" qui signifie "Fleur de Cerisier"... Des cerisiers, voilà qui rappela à la poupée une de ses semblable, celle qui s'était endormie peu après sa naissance, son réveil. Elle soupira pour évacuer ces pensées, loin d'elle. Elle se décida donc enfin à répondre à ce garçon se nommant Jun...

-Je suis Maxeen Weller, enchantée... En tout cas, merci pour le compliment concernant ma voix. Je suis heureuse que cela vous ai plut...

Ou presque. Enfin, ce n'était qu'un simple détail. Bien que la petite poupée n'aimait pas la compagnie des Hommes, elle devrait tout de même parler à cet humain qu'était ce garçon répondant au prénom de Jun. Oui, elle devrait s'y faire car si ses pensées revenantes étaient juste, elle aurait à faire à lui dans un futur proche, très proche. Après tout, si il était le médium d'une poupée, elle le reverrait à un moment donné pour "tuer" cette poupée avec laquelle il aura pactiser. A moins qu'elle ne se fasse elle-même "tuer" bien qu'elle ne puisse pas réellement perdre du moins pas d'après ce lapin blanc qui lui avait dit "Vous aurez simplement à jouer au jeu sans y perdre mais ce sera sans gagner". Elle s'en souvint. Elle soupira, une seconde fois pour poser une question à ce garçon avant que cette discussion ne prenne une autre tournure que celle qu'elle aurait voulut...

-Dîtes-moi... Auriez vous un rapport avec le "Alice Game"?

Soit oui, soit non. Si il répondait "Oui", elle devrait révéler le fait qu'elle soit une poupée bien qu'il devrait avoir déjà deviner ce fait. En effet, vivre avec une poupée pouvait donner à celui qui vivait dans cette situation une sorte de "don" pour repérer les poupées. C'était un fait. Mais si il n'avait aucun rapport, la poupée devrait simplement dire "au revoir" à ce garçon. Mais elle le sentait, il avait un rapport avec les poupées et le Alice Game. Cette aura, elle le sentait bien. De plus, un Humain n'aurait pas poser ce genre de question à une poupée. Elle ne savait pas vraiment ce qu'un humain "normal" aurait posé comme question, mais elle le savait: sa couleur de cheveux, ses yeux et sa taille intriguaient les humains. Voir une petite fille habillée comme elle était déjà un fait étrange. Étant une poupée dite "européenne", son style était déjà assez particulier mais son physique l'était encore plus. Pourquoi son créateur l'avait-il faite comme ça? Pourquoi lui avait-il donner ce physique si particulier? Elle arrêta de se poser des questions avant de se noyer dans des sentiments particulier qu'elle n'avait jamais ressentie. Oui, pour elle, les sentiments étaient ravageurs et pouvaient la détruire...

Puis le son des oiseaux se fit entendre, des bruits naturels avec celui des feuilles. Pourquoi ce silence? Sa question était troublante, certes. En effet, même elle était choquée de cette question car elle ne pensait pas avoir un jour à la poser, surtout à un simple humain. Simple, ou pas. En tout cas, ce silence troublé par le son des oiseaux et des feuilles dérangées par le vent. Oui, ce silence dura un bon instant...

La poupée ne répondit pas immédiatement. En fait depuis le début de cette conversation, elle semblait égarée dans ses pensées, revenant à la réalité de temps à autre. Elle n'avait pas réagi en entendant le nom de cet humain. Elle n'était donc pas une création d'Enju, en supposant que lui ou Barasuishou parlaient de lui aux nouvelles Enju Dolls, ou au moins, qu'ils mentionnaient son nom. Donc cette poupvée venait-elle de ce fameux créateur inconnu? Ou encore d'un tout autre créateur. Cela n'étonnerait pas Jun qu'il y ait d'autres créateurs de poupées vivantes que Rozen ou ces deux-là.

La poupée laissa échapper un soupir, semblant émerger de ses pensées, extirpant en même temps Jun des siennes. Elle révéla finalement son nom: Maxeen Weller. Un nom de famille? Jun était habitué à ce que les poupées aient des noms uniques, quoique Maxeen sonnait comme un prénom peu courant. Weller était-il le nom de son créateur? Ou bien celui d'un précédent Médium (si elle fonctionnait sur le même principe que les Rozen Maiden)?

Un second soupir tira Jun de ses réflexions. Un nouveau soupir, une nouvelle question. Et dans cette question, Maxeen prononça les deux mots que Jun voulait le moins entendre: Alice Game. A ce moment, une expression mêlée de contrariété et de lassitude se dessina sur son visage. Jun resta un moment sans rien dire avant de fermer les yeux, baisser la tête et laisser à son tour échapper un soupir. Il alla s'asseoir sur le bout de pelouse situé juste à coté de Maxeen.

- Je serais plutôt un spectateur impuissant, répondit-il avec une petite pointe de frustration.

Il ouvrit les yeux et leva son regard vers le ciel, un ciel bien bleu aujourd'hui, décoré de quelques petits nuages blancs. Il leva sa main gauche devant son regard, son attention fixée sur la bague bien ancrée autour de son annulaire gauche.

- Je suis complètement lié à ce jeu stupide, et pourtant je ne peux pas faire grand chose...

Pire: sa dernière intervention avait couté la vie à Shinku. Si Rozen n'avait pas répondu à son appel... Que se serait-il passé? Que serait devenu Jun. L'apparition de Shinku avait beaucoup changé la vie de ce garçon. Il repenssa à lui-même, à ce qu'il était avant de rencontrer Shinku... Il sentait que si Rozen ne l'avait pas ramenée à la vie, il n'aurait pas pu le supporter et aurait replongé dans cette ancienne vie, aux cotés de ses démons qu'il avait fini par chasser de son esprit.

- Je comprends leur quête de la perfection, mais je refuse de croire qu'ils puissent l'atteindre en forçant leurs enfants à s'entretuer.

Le silence régna à nouveau. Jun observa le ciel d'un regard vide. Puis il reporta son attention vers Maxeen. Pourquoi lui racontait-il tout cela? Il venait tout juste de la rencontrer. C'était comme déballer sa vie à une parfaite inconnue... Peut-être était-ce justement le fait qu'elle était une poupée et non une humaine.

- Tu veux devenir Alice? demanda-t-il simplement à la poupée.

-Je serais plutôt un spectateur impuissant

Il était frustré. Inquiet? Possible. Il était donc un de ces médiums après tout. Apparemment, le fait d'être médium n'apportait pas grand chose. Probablement, avec une incertitude. En fait, peut-être cela changeait complètement la vie de certain et pourtant... Si la poupée venait à mourir, que se passerait-il? Pour l'humain médium, ce serait une perte désastreuse. Oui, comme un être cher que l'on perd, surtout lorsque le temps permet de mieux se connaître. C'est triste, et l'on verse des larmes pour cela. Le temps soigne les blessures, c'est un fait, mais le nombre de cicatrices sur la peau, ancrées dans les sentiments, dans les souvenirs. Si la beauté intérieur était la seule qui comptait, alors la poupée ne serait pas aussi belle: elle serait même laide, laide de ce péché d'avoir tué. Oui, elle était une meurtrière, simplement. Elle regarda le ciel, tout en écoutant le jeune garçon en état de ce que l'on pourrait appeler confession...

-Je suis complètement lié à ce jeu stupide, et pourtant je ne peux pas faire grand chose...

Il parlait comme si lui aussi avait tué quelqu'un: non, failli tuer un être cher. a quoi bon le cacher, la petite poupée le comprenait un peu sur ce fait: tuer un être cher donne l'envie de vomir, de sortir de cette triste réalité. Cela nous rendait malade, malade au point de vouloir mourir. Mais le seul moyen pour une poupée de pouvoir se soulager de cette maladie et de se faire casser dans une grande souffrance. Mais Maxeen ne le voulait pas, elle ne pouvait pas se casser: pas maintenant en tout cas. Elle devait dire à ses semblables quelques mots sur ce jeu inutile, sans aucun intérêt sauf celui de vouloir se tuer ou plutôt "s'autodétruire". Oui, ce jeu était réellement "faux", la perfection n'existe pas. La poupée est souvent trop fière, et c'est une marque d'égoïsme souvent visible. Quant à l'humain, n'en parlons pas: la technologie l'aura corrompu jusqu'au bout. Elle continua de l'écouter tout en pensant à ce jeu macabre, où le sang pourrait entamer une lugubre danse reflétant la cruauté de ce jeu...

-Je comprends leur quête de la perfection, mais je refuse de croire qu'ils puissent l'atteindre en forçant leurs enfants à s'entretuer.

Pourquoi exprimait-il tout ça? A croire que pour lui, les poupées sont humaines. Pourtant, ce n'est pas le cas. Dommage, il n'y aurait pas eu de Alice Game si elles auraient été humaine. Pourquoi chercher Alice? Alice s'est perdue dans le Pays des Merveilles, du moins pour Maxeen. L'ancienne Alice, s'étant prénommé Maxeen, ne voulait plus entendre ce nom mais elle devait l'utiliser. Le comble pour quelqu'un qui aurait préféré oublier. Si seulement la poupée avait un cœur... Mais si cela aurait été le cas, elle n'aurait jamais eu sa liberté. Elle était obligée. Au fond d'elle, le sang tachant ses mains était sec depuis longtemps et sa peau blanche était tâchée de nombreuses tâches écarlates. Ses yeux, troublés par la vision des ténèbres et du sang, ne voyait que l'illusion de papillons éphémères, des papillons de nuit eux aussi tâchés de cette couleur carmin. Cette couleur, celle de son deuxième œil, provoquait chez elle une grande tristesse... Et haine... Puis il prononça ce qu'elle ne voulait pas entendre. Mais elle ne tuerait pas. Le passé, tâché de sang, elle l'oublierais pour ne plus jamais se retourner...

-Tu veux devenir Alice?

Non, elle ne voulait pas. Son regard fut noir à ce moment. A quoi bon porter le nom de "Alice" si elle ne l'était pas? C'était pour cela qu'elle avait changer son nom. Oui, "Alice" n'avait jamais tué, "Alice" était gentille, "Alice" était restée chez elle, tranquillement. Elle n'avait jamais quitté ses proches et le "Wonderland" l'attendrait toujours, impatiemment. Mais "Maxeen" était différente: tantôt cruelle, quelques fois sanglante, elle était froide et distante. "Maxeen" n'était donc pas "Alice"... Mais "Alice" n'était pas la perfection. Pour tout dire, la jeune poupée répondant à ce prénom si froid n'était pas faite pour aimer quelqu'un, ni son créateur, ni ses sœurs. Maxeen n'était pas parfaite, elle était ce qu'elle était: elle n'était pas Alice et...

-Je ne serai jamais Alice... Alice n'est qu'une illusion, un ancien prénom. A quoi bon rêver de la perfection si c'est quelque chose que l'on ne peut atteindre? Nous vivons comme nous sommes, nous reflétons ce que nous sommes car nous sommes ce que nous sommes. Si tu es Jun, alors tu es Jun... Si je suis Maxeen, alors je suis Maxeen. Il ne faut jamais rêver éveiller, ne jamais rêver d'une fausse réalité...

Pour une fois, elle avait longuement parler avec un humain. Elle comptait lui dire, ce qu'elle était. Une de ces poupées, une simple poupée chantante. Une création d'un pauvre fou, Aaron Weller. Il l'avait aimé pourtant elle l'a détesté. A quoi bon le cacher, elle voulait sa liberté: elle l'a assassiné. Ces papillons de nuit dont elle se servait étaient le reflet de son âme, ou pas. Mais elle ne comptait pas se retourner vers son passé. Jamais...

-De toute façon, une poupée peut très bien éprouver ces sentiments. Moi, je voulais la liberté, alors je l'ai... Assassiné. Cela ne me fait rien d'en parler, mais à chaque fois que je vais dans cet atelier... Je me demande si "Aaron Weller" reviendra un jour. D'ailleurs, si jamais ce pauvre fou revenait, il risquerait d'être encore une fois mystérieusement assassiné... Par sa propre création. J'ai du sang sur les mains, ce liquide carmin... Pourtant, jamais je n'ai voulut m'en séparer, jamais je ne voudrais laver ces mains qu'a fait ce créateur... Tu sais, si je participe au Alice Game, ce n'est ni pour perdre ni pour gagner, c'est une pitoyable obligation de poupée. Finalement, nous sommes bien pitoyable à nous battre pour quelque chose qui n'existe pas...

Alice... A la simple mention de ce nom, le regard de Maxeen s'assombrit soudainement. L'expression sur son visage chagea radicalement. Elle qui, un instant plus tôt, avait l'air bien calme et posée, semblait maintenant contrariée, offensée, blessée. Pendant un instant, Jun craignait que ses mots venaient de donner une raison à la poupée de vouloir le tuer. Devait-il se préparer à détaler comme un lapin? Pourtant, il ne semblait pas encore sentir un quelconque danger le menacer. En revanche il sentit une touche d'hostilité dans la voix de Maxeen lorsque celle-ci répondit enfin. Cette hostilité n'était pas tournée vers Jun, mais plutôt... vers Alice? Maxeen ne voulait pas devenir Alice. Elle ne voulait pas de cette quête vers la perfection. Elle ne voulait pas aller vers une illusion, une étoile inacessible. Elle voulait rester elle-même.

C'était la première fois que Jun entendait d'une poupée animée un refus si catégorique de devenir Alice. Shinku souhaitait simplement mettre fin au Alice Game, mais l'envie de devenir Alice était toujours là. Suisei Seki s'opposait au Alice Game, mais c'était plus par amour pour sa soeur jumelle. Hina Ichigo... difficile de savoir avec certitude si devenir Alice l'intéressait. Elle vivait au jour le jour avec l'insouciance et l'innocence d'une enfant et l'idée de devenir Alice ne semblait pas traverser son esprit. Quant aux autres Maidens, elles avaient toutes exprimé leur souhait de devenir Alice, à des degrés différents (Sugintou était particulièrement vouée à cette quête). Dans le cas de Maxeen, c'était un refus clair et net. Mais ses mots... "un ancien prénom"... Parlait-elle bien de la même Alice que Jun?

Maxeen reprit la parole, poursuivant sa tirade, et cette fois-ci le propos avait l'air plus intense. Elle semblait se confesser et c'était comme si elle gardait quelque chose en elle. Quelque chose qui n'attendait qu'une occasion de se libérer et était tellement grande que des fragments s'échappaient. Maxeen parla, avec une aisance apparente, de liberté, de meurtre et d'un homme appelé Aaron Weller, son créateur. Elle avait son sang sur les mains. D'ailleurs, en observant de plus près, l'on pouvait remarquer que sa peau n'était pas parfaitement propre. Des tâches de sang séché et bruni sur ses mains, et même son visage. Mais ces tâches, elle ne voulait pas les retirer. Finalement, elle expliqua de manière claire et concise son rapport avec l'Alice Game: une participation par obligation...

Jun ne sut quoi répondre et resta sans rien dire après ce long discours. Tant d'informations données si soudainement qu'il n'arrivait pas à les traiter, ayant besoin d'un peu de temps pour tout trier. Son inconscient prit plus ou moins le relais et Jun posa la première question qui lui vint à l'esprit.

- Qu'est-ce qui t'oblige à participer à ce jeu?

Il semblait penser à quelque chose lorsqu'elle exprima tout ça. Alors tout ce qu'elle avait dit l'avait emmêlé? Comment savoir ce qu'il y a dans le cœur d'un Homme lorsque nous même n'avons pas de cœur? Les pleurs, les rires... Tellement contradictoires mais tellement semblables, un peu comme les poupées. La froideur de certaines en énervait plus d'un, mais leur beauté était sans nul doute une des plus parfaite. De toute manière, impossible pour la poupée d'exprimer ces paroles sans une once de haine en elle, dans ce corps porcelaine. A quoi bon chercher, elle était une poupée comme une autre à la différence que ses sentiments étaient variables. A quand le renouveau? Le papillon s'approche de la lumière, bien qu'il essaye de la toucher il ne peut. Si jamais il y arrivait, le pauvre se brûlerait. Cette comparaison ressemble vaguement aux humains: ils essayent d'attraper quelque chose sans pouvoir le toucher. Quant aux poupées seule la perfection compte. Mais les papillons de nuit, eux, ne s'intéresse pas à la lumière: il reste dans l'ombre de leur premier sentiment sans changer de position pour éviter de ne plus voir, et de brûler inutilement dans ce monde. Oui, l'inutile. La poupée se sentait vaguement inutile dans cette histoire où les poupées combattaient pour devenir quelque chose qu'elles ne deviendraient jamais, qu'elles ne pourraient jamais toucher. Qu'elles étaient obstinées à vouloir revoir leur "père". Pour Maxeen, ce qui était perdu l'était à jamais. après quelques instants, ce garçon posa une question...

-Qu'est ce qui t'oblige à participer à ce jeu?
-Le fait que je sois une simple poupée, un corps de porcelaine...

Elle était tellement étrange à ce moment. En effet, son regard paraissait encore plus mélancolique qu'auparavant. Pourtant, cela ne se voyait pas vraiment su son visage: juste ses yeux. Le rouge prenait une teinte d'un souvenir sanglant. Quant au bleu, une teinte innocente, celle de l'insouciance; l'insouciance d'un triste enfant. Elle aurait tellement voulut être humaine mais ce rêve est irréalisable, intouchable. A cette pensée, elle réalisa que celui qui l'avait crée ne reviendrait jamais plut l'enchaîner dans son atelier. Elle avait touché à son sang, les tâches sur son visage reflétait ce fait. Cet astre qu'était la Lune était devenu rouge ce jour là, une nuit parfaite pour un meurtre, les papillons de nuit voletant autour de cette poupée, le corps de l'homme l'ayant crée au sol, mutilé de toute part. Il écrivait, cette nuit là. Jamais elle n'avait fait attention à ce qu'il avait écrit, elle se contentait simplement de regarder ce fou qui l'avait fait naître. Autant donner plus d'information à cet humain, peut-être pourrait-il l'aider...

-Je vais t'en dire plus: en tout, il y a cinq de mes semblables. Mai est la plus cruelle et voudra tout pour elle. Aurore est tellement naïve qu'elle participe au jeu sans se rendre compte qu'il y perdra la vie. Rubis, quant à elle, se contentera de chercher ce pauvre fou sans jamais pouvoir l'atteindre et sa participation au jeu est un simple désir de découvrir ce qu'il s'est réellement passé. La dernière répond au nom de Ai. Cette dernière est encore endormie mais pourtant réveillée. Si elle participe, c'est accidentellement.
Toutes ont acceptées de jouer pour devenir parfaite. Quant à moi, je me contente de participer à cause de Mai qui a de suite accepter ce jeu. C'est elle qui nous force à jouer à ce lugubre massacre si l'échiquier est retourné. En effet, c'est la première à avoir accepter et ce au nom de toutes ces poupées de son. D'ailleurs je me demande pourquoi... Nous sommes concernées... Je pense que cette douce guerre pour être la plus parfaite n'a aucun sens...

Elle avait l'impression de se mélanger. Si elle disait tout ça à cet humain, c'est parce qu'elle se doutait qu'il pouvait faire quelque chose. Elle ne laissait pas un lourd poids sur ses épaules, elle voulait juste l'aider parce qu'elle savait qu'il n'acceptait pas ce jeu. Il devait avoir vraiment envie d'arrêter cette guerre pour que la poupée lui parle de tout cela. Si elle lui racontait tout ça, elle savait qu'elle serait encore plus libre: libre d'effacer ces tâches. Plus elle y pensait, plus elle racontait des faits, de plus en plus censé et logique sur un point, même plusieurs...

-Tu sais, je ne pense pas qu'avoir du sang sur les mains permet d'être parfait. D'ailleurs, Alice a t-elle déjà tuer quelqu'un une fois?

Non, cette innocente petite fille n'avait jamais tué. Jamais dans tout le "Wonderland" elle n'aura commit d'acte sanglant. C'était tellement triste à dire, mais le Alice Game n'avait pas de réelles règles à ce niveau là: même la plus grande des barbaries faisait l'affaire pour éliminer les autres poupées et devenir parfaite. Peut-être que celui ayant inventé ce jeu aimait le rouge plus que tout...? En tout cas, il sacrifiait ces enfants vers l'enfer et non ce paradis qu'incarnait le "Wonderland"...

-La seule "Alice" ayant commit cet acte si cruel qu'est tué, c'est moi. Elle regarda ses mains. Je ne suis donc pas digne de porter ce prénom que ce créateur m'a donné. Enfin, de toute manière, aucune des poupées ne participant au Alice Game n'est digne de porter ce prénom...

Maxeen semblait convaincue que "être une poupée vivante" et "avoir l'obligation de participer au Alice Game" étaient deux choses absolument indissociables, que la dernière était une propriété inhérente de la première. Maxeen avait répondu d'un ton naturel dénué d'émotion apparente. Il y eut toutefois un petit changement, une subtile variation de couleur dans l'iris de ses yeux. Cette variation était difficile à percevoir et Jun faillit ne pas la remarquer. Cela dit, il ne savait pas comment il pouvait interpréter ce changement. Peut-être que cela ne vboulait rien dire. Il laissa ce détail de coté et reporta son attention vers Maxeen et ce qu'elle disait.

Elle semblait s'exprimer sans grande retenue, divulgant depuis le début bien plus d'informations à un parfait inconnu qu'on ne le ferait normalement. Etait-ce bien prudent? Jun était un internaute assidu (un peu moins qu'avant depuis l'arrivée de Shinku et des autres Maidens dans sa vie) et il s'avait l'importance de ne pas communiquer à la légère ses informations personnelles, aussi insignifiantes qu'elles puissent sembler. Ceci s'appliquait également dans la vie réelle, la moindre information pouvant parfois être utilisée contre soi-même. Ces quelques minutes passées à discuter avec Jun lui avaient-elles suffi à lui faire suffisament confiance pour pouvoir lui révéler ces informations? Jun en doutait un peu. Mais si Maxeen lui expliquait cela, c'est qu'il y avait une raison. Attendait-elle quelque chose de lui?

Quoi qu'il en soit, Maxeen lui parla de ses soeurs, les poupées qui composaient la "collection" dont elle faisait partie. Elles étaient cinq en tout: Mai, Aurore, Rubis, Ai... et puis Maxeen. Selon les propos de cette-dernière, une seule des cinq avait une réelle motivation de combattre et vaincre ses soeurs. Jun voyait aisément le parallèle avec les Maidens. Si, à une époque, elles se combattaient sérieusement, aujourd'hui elles préféraient vivre ensemble en paix, en "famille". Seule Suigintou était ouvertement hostile, et encore, c'était avant toute l'affaire Enju. Depuis, cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas montrée.

Une nouvelle fois, Maxeen évoqua son... crime qui, à ses yeux, lui ôtait tout mérite pour porter le nom d'Alice, mentionnant au passage que c'était le nom initial que lui avait donné son créateur. Cela permit à Jun de confirmer que l'Alice dont parlait Maxeen n'était pas exactement la même Alice à laquelle Jun pensait (mais ils parlaient tous deux du même idéal de perfection que visait l'Alice Game). "Alice avait-elle déjà tué une seule fois?" avait fait remarquer Maxeen. Une remarque pertinente, pensa Jun. Difficile d'imaginer que tuer était une condition préalable de la "perfection". En même temps, puis qu'Alice n'existait pas encore, il est impossible qu'elle ait déjà tué.

En tout cas, cette conversation laissa Jun avec davantage d'interrogations que de réponses. Toutefois...

- Alors l'Alice Game se poursuit parce qu'il y en a deux ou trois pour entrainer toutes les autres dedans... Les convaincre d'arrêter serait très difficile, mais...

Jun se leva de la pelouse, s'essuyant rapidement le pantalon puis récupéra son sac..

- Et si l'Alice Game ne pouvait plus se dérouler? suggéra Jun.

Sans attendre une quelconque réponse de la part de Maxeen, il se tourna vers celle-ci.

- Tu devrais arrêter de vivre dans le passé, cela n'apporte rien de bon. Tu feras face aux conséquences de tes actes en temps voulu, mais pour le moment, vis dans le présent.

Et sur ce, Jun quitta la Roseraie. Il sortit de cette conversation avec un peu plus de motivation pour... ce qu'il avait prévu...

Triste à entendre, triste à se souvenir. Peu à peu, elle avait l'impression que son crime passé n'était plus, et qu'il n'avait plus raison d'être: de toute façon, le passé n'est qu'une histoire et le sang ne sèchera pas plus vite bien qu'ancré dans cette dernière. Oui, c'était inutile à ses yeux de se souvenir mais dans le cas présent, il le fallait. Dans le fond, qui pourrait arrêter ces poupées de guerres, à la fois délicates et sanglantes? De toute façon, entre ces poupées de la même collection; Ningyou no Uta: "Amour" est un mot qui n'existe pas. Il serait presque interdit par cette guerre entre poupées. Maxeen ne ressentait rien, plus rien. A quoi bon chercher des sentiments pour des personnes que l'on a jamais, ou presque, connues? Inutile, l'on en trouvera jamais sauf peut-être l'ignorance d'un monde nouveau et parallèle: un monde remplit par l'inconnu que représente les souvenirs avec ces personnes. Elle écoutait vaguement ce qu'elle disait, et elle avait l'impression que tout ce qu'elle disait serait utile et pourtant tellement inutiles à la fois! Comment exprimer la sensation de ces contradictions? Quant elle eut terminé, un moment se passa avant que Jun ne parle...

-Alors l'Alice Game se poursuit parce qu'il y en a deux ou trois pour entrainer toutes les autres dedans... Les convaincre d'arrêter serait très difficile, mais...

Il se leva du sol pour ensuite s'essuyer rapidement. Puis il reprit son sac. A ce moment, la poupée sentit quelque chose en elle, une chose qu'elle voulait dire mais qu'elle ne pouvait exprimer: à quoi bon chercher, si elle ne pouvait l'exprimer. Peut-être était-ce son indifférence face à ce garçon; ou pas. En tout cas, elle se tut, continuant à écouter ce qu'avait à dire Jun. Oui, ce serait peut-être lui qui arrêterait cette guerre insensée, avec l'aide des autres poupées: mais sûrement pas certaines. Puis il suggéra quelque chose de presque impossible, mais autant écouter: les fous ont toujours quelque chose à apporter par leur parole car, en effet, ils peuvent ne pas être aussi "fous" que l'on pense...

-Et si l'Alice Game ne pouvait plus se dérouler?

Il n'attendit pas de réponse de la part de la poupée pour se retourner vers sa direction, pendant que celle-ci commençait à fermer les yeux pour écouter le calme régnant au fond de ses pensées: en effet, il n'y avait presque rien, rien qu'elle ne pouvait faire pour arrêter ce jeu stupide. Quoi que, d'après un certain lapin blanc, elle n'y perdrait pas mais elle n'y gagnerait rien, comme une certaine Chenille dans ce conte: Absolem? Exactement, elle serait comme cette Chenille: elle ne gagnerait ni perdrait en révélant à Alice quelque chose. Quoi que, Alice n'est pas encore arrivée: n'est-ce pas? Finalement, Maxeen finit par reprendre le fil de la discussion, se terminant...

-[...] Tu feras face aux conséquences de tes actes en temps voulu, mais pour le moment, vis dans le présent.

Il quitta la Roseraie. A ce moment, Maxeen eu un léger malaise, une sensation étrange: ce qu'elle voulait dire au début commençait à sortir contre son gré, et peu à peu elle s'enfonçait dans les ténèbres. Peu à peu, lentement, comme si elle s'endormait, une douce chanson dans sa tête, qu'elle avait inventé. Seul le refrain résonnait dans sa tête, juste un refrain qui l'endormait dans la plus grande mélancolie... "Amour est un mot stupide, et sans sens. Essayer avec moi, répétez. Le mot, sans cesse, dans votre tête et vous verrez. Que rapidement il se dilapide"... Dilapide... Un écho, doux écho, qui alourdie les paupières de la poupée pour cacher ses pupilles opposées... Pourtant, quelques secondes après, elle se réveilla, complètement différente. Ses yeux même avaient changé de couleur: du moins pour l'un. Le bleu pur était devenu rouge de sang et celle qu'elle n'aurait jamais voulut réveiller se réveilla tout de même, abusant des charmes d'une simple chanson...

-Ne crois pas, cher humain, que je vis dans le passé. De toute façon, personne ne pourra changer le passé, ni le présent. Oui, il vaudrait mieux que tout cela change, à propos de cette stupide guerre: mais il faudra attendre que toutes les roses soient réunies sans nullement abuser de leurs épines; ce qui n'est pas prêt d'arriver, pour le moment! Décidément, les humains non plus n'accepte pas la vérité en face! Quoi que... Elle ferma doucement les yeux, et l'œil devenu rouge redevint comme il l'était à l'origine: bleu. Je veux bien attendre dans ce jardin, en attendant...

Elle se retourna pour ensuite disparaître dans une sorte de faille, parmi un des reflets mystérieux de son âme. A quoi bon le cacher, elle savait très bien ce qu'elle avait dit: c'est pour cela que ses mains étaient posées sur sa bouche, essayant de garder les lèvres scellées, presque à tout jamais: plus jamais elle ne voulait entendre cette voix différente de la sienne. Mais en attendant, il valait mieux partir. Ces paroles, elle avait l'impression qu'elle résonnait autre part que dans ses pensées... Loin, très loin. Mais là n'était pas la principale occupation: elle devait rentrer chez elle pour le moment... Au calme...

La chanson des poupées ne sera jamais réunie: chaque morceau ne pourra être recollé à l'autre à cause de la volonté destructrice de ce jeu; mais qu'adviendrait-il si les morceaux venaient à être retrouvés et recollés? Mystère, mes chers, pour le moment, le secret sera gardé...

End, but not very Happy...